"Ne fais confiance à personne, ne parle de ton don à personne. Cache le, fais en sorte de ne jamais être démasqué. N'ai pas peur de qui tu es."

C'est la dernière chose que Lyaia, la mère de Lodas lui avait dit avant de partir pour un autre monde, certainement meilleur que celui-ci. Lyaia cette femme courageuse qui a parcouru des centaines de kilomètres pour protéger ce que la vie lui avait donner de meilleur, Lodas, son fils unique. Un enfant qui a maintenant bien grandi, mais dont l'histoire reste pour bon nombre d'entre vous, un réel mystère. Le jeune homme est né il y a voilà maintenant vingt-neuf ans, lorsque Endor était encore une cité prospère. Le jeune enfant n'y vivra qu'une petite année et pour cause. Alors qu'il n'était encore qu'un nourrisson, la mort frappa cette cité. Lyaia compris bien vite que la sécurité de cette cité était maintenant compromise, mais elle ne pouvait se résoudre à quitter les lieux. Elle souhaitait plus que tout que son petit ange puisse grandir dans ce havre de paix. Malheureusement, pour elle les choses ne firent que s'amplifier. Bientôt, les mages furent accusés de ces macabres découvertes. S'en était trop pour la mère de famille. Un matin elle prépara son attelage et pris le chemin de l'ouest avec ce petit garçon à la tête blond, qui savait à peine marcher, ce petit qui lorsqu'il toussait pouvait créer bien des choses. Des choses que personne ne devait découvrir, il en allait de sa survie.

L'ouest, la Cour d'Argent, c'est là que la jeune femme décida de mettre pied à terre. Un endroit qu'elle ne connaissait que de nom, mais qui selon elle ne pouvait être que meilleur pour elle et son petit. Du moins tant qu'il réussira à cacher ses pouvoirs. "Lodas, mon petit. Si tu ne veux pas être séparé de maman, il va falloir que l'on établisse des règles d'accord ?" Ce petit ne savait pas encore parler, mais il comprenait au ton de cette voix, si douce d'habitude, que l'heure était aux choses sérieuses. Il lâcha le petit cheval de bois qu'il tenait en main et ouvrit grand les yeux pour écouter sa mère. "Maman t'aime, tu le sais ça ! Mais si tu veux rester avec maman, il va falloir faire attention à tu sais, ton don,
cette chose que ton père t'a donné à la naissance." Le chérubin toussa alors et le petit cheval de bois se mit à tourner tout autour de lui, ce qui bien entendu le fit partir dans un éclat de rire. "Mon chéri, c'est de ça dont je parle, il ne faut en aucun cas que d'autres personnes assistent à ce genre d’événements. Tu comprend si quelqu'un le sait, toi et moi pourrions être séparés." La voix de Lyaia s'était quelque peu cassé, elle ne souhaitait pas pleurer devant son fils, plus que tout elle ne voulait pas le perdre. Mais le monde dans lequel ils vivaient n'était plus celui dans lequel elle voulait voir son fils grandir.

Les années passèrent et le nourrisson devint un enfant. Un garçon dégourdi, mais quelque peu renfermer sur lui même. Dans l'enceinte de la petite maison familial, il était un véritable rayon de soleil, mais dehors il n'était que l'ombre de lui-même. "Maman, un jour, je pourrais être moi ?" La main de Lyaia se posa sur la joue du garçon. Elle aurait tant aimé lui dire que oui, qu'il pourrait grandir et ne plus faire attention à son pouvoir, que ce don pourrait même être une chance pour celles et ceux qui les entouraient, mais elle savait que lui dire celà c'était lui mentir. La jeune maman était loin d'être optimiste concernant le sort des gens comme Lodas."Je l'espère mon petit ange, je l'espère. Mais pour le moment continue de travailler." La petite tête blonde avait très bien compris ce que travailler voulait dire. Même à la maison il ne pouvait pas utiliser ce que sa mère appelait un don.

Quelques années passèrent. Lodas restait ce garçon fermé, qui ne semblait que peu sourire. Il avait maintenant presque dix-huit ans et la chance semblait enfin vouloir lui sourire. Lui qui n'était alors qu'un vulgaire vendeur sur un marché, attira l'attention d'un homme en armure. Son parler et son visage d'ange ne le laissèrent pas indifférent. "Mon garçon, combien pour ces deux pommes ?" Cette voix traversa les entrailles de Lodas. L'homme qui avait parlé, avec cette voix sûre d'elle, tira le marchand de ses négociations, il releva les yeux et fût impressionné par cette homme. Il portait une armure royale. Qu'est-ce qu'un homme de la cour pouvait bien lui vouloir ? Des pommes il y en avait plein le palais, certes pas aussi bonnes que celles qu'il vendait, mais pas de quoi venir lui en acheter. " Vingt pièces, mais je vous les laisse à quinze !" L'homme se mit à rire et jeta vingt-cinq pièces à Lodas. Ce dernier lui tendit les deux pommes demandées. "J'espère qu'elles valent bien ces vingt-cinq pièces." Le vendeur voulu lui répondre, mais le temps de ranger les pièces et de relever la tête, l'homme avait disparu aussi rapidement qu'il n'avait apparu. La journée passa et Lodas finit par prendre le chemin qui le ramenait chez lui. Il ne pu s'empêcher de penser à cet homme. Un homme bon, qui n'avait non seulement pas cherché la négociation, mais qui lui avait donné dix pièces de plus pour de simples pommes.

Les deux années suivantes ne furent que douleur pour le jeune homme. Lyaia, sa mère et sa seule famille était tombée grièvement malade. Lodas doublait ses heures de travail au champs et sur le marché pour rapporter autant de pièces que possible pour que sa mère puisse bénéficier d'un minimum de soin. Mais quoiqu'il fasse et quelque soit le nombre de pièces qu'il ramenait, l'état de santé de sa mère ne faisait que s'aggraver. Si bien, que ce garçon plein d'espoir ne semblait plus voir aucune fin heureuse. Alors qu'il était sur le marché à vendre le fruit de son travail dans le champs, une voix familière le tira de ses rêveries. "Et bien mon garçon,
pourquoi fais-tu cette tête ? Tes pommes sont bonnes, vendues à un bon prix, tu devrais être heureux d'avoir un travail et de l'argent pour te nourrir !" Lodas releva la tête, le chevalier était devant lui, une pomme à la main. Mais cette fois-ci pas d'armure, juste des vêtements que le maraîcher ne pourrait jamais s'octroyer. Il ne savait que répondre. Cet homme n'était rien pour lui, il ne voulait pas l'accabler avec ses histoires et en même temps il n'avait personne à qui parler." Les affaires marchent, mais je n'ai rien pour sauver la seule personne qui compte pour moi." Une larme coula le long de la joue de Lodas. Lui qui en temps normal cachait ses émotions, craquait enfin. Il laissa l'homme repartir sans rien pouvir dire de plus et la journée passa. Sur le chemin du retour, à quelques mètres de la maison familiale, il entendit des pas derrière lui. "Ce n'est que moi petit, n'est pas peur ! Désolé de te suivre, mais ton histoire m'a touché toute à l'heure sur le marché." L'homme se mit à la hauteur de Lodas et continua de marcher avec lui. Finalement, le jeune adulte ne pu contenir ses larmes, lui qui se refusait de pleurer devant sa mère durement affaiblie, s'effondra dans les bras d'un simple inconnu.

Les semaines passèrent et les journées du mage se ressemblèrent. Le champs, le marché, la maison pour aider sa pauvre mère. Jusqu'à ce petit jour d'été ou Lyaia dans un dernier effort appela son fils. "Ne fais confiance à personne, ne parle de ton don à personne. Cache le, fais en sorte de ne jamais être démasqué. N'ai pas peur de qui tu es." Mlaheureusement pour lui, Lodas ne pouvait que trop comprendre ce que cette phrase voulait dire. Sa mère se sentait partir. Le jeune homme le savait, il prit la main de sa mère dans la sienne et resta assis à coté d'elle jusqu'à ce qu'elle lâche son dernier souffle. " Je te le promet maman !" Il ne pouvait se résoudre à se lever. Il voulait rester avec sa mère dans cette petite maison dans laquelle il avait passé tant d'années. Les jours passèrent. Les larmes ne cessaient de couleur le long des joues du jeune homme. On frappa alors à la porte... Qui pouvait bien vouloir rendre visite à de pauvres travailleurs. "Gamin ! C'est moi, tu es là ? Je ne t'ai pas vu au marché !" L'homme en armure se trouvait derrière la porte. Lodas ne pouvait même pas se lever, il ne voulait pas laisser sa mère, même quelques secondes. Soudain dans un vacarme, la porte s'ouvrit. Cet homme venait tout bonnement de fracturer la porte d'entrée. Dans un mouvement de protection envers sa mère, Lodas envoya voler la table contre l'entrée bloquant ainsi l'homme. Il ne l'avait pas fait avec les mains, ni même les pieds, juste avec son esprit et toute la colère qui l'avait envahi. "Petit, respire ce n'est que moi, je ne te veux aucun mal." Le regard de l'homme se posa alors sur le corps de Lyaia. Et il comprit, il comprit cette absence, toute cette colère.

L'homme en armure, cet homme dont Lodas ne connaissait rien, si ce n'est qu'il est un personnage important au vu de ses habits, l'aida lui un pauvre marchand. Il l'aida pour passer à autre chose, pour rebondir après la mort de sa seule famille. Il l'aida aussi à gravir les échelons dans la société. Lui qui n'était rien, sû, grâce à cet homme, Aldric, monter. Passant ainsi de simple marchand, à soldat de l'armée de la Cour d'Argent. Certes guerroyer n'était pas vraiment ce que Lodas aimait, mais au moins celà lui permettait de passer à autre chose. "J'ai vu de quoi tu es capable petit. Crois moi, tu ne resteras pas simple soldat bien longtemps." Et Aldric n'eut que raison. Après quelques années passées dans les rangs de l'armée, il fût promu jusqu'à arriver conseiller militaire du souverain. Mais ce dernier ne comprit que trop vite que la guerre n'était pas une chose qui plaisait à cet homme sorti de nul part. Là où l'armée voyait une guerre, Lodas voyait la négociation et la diplomatie. Lui qui avait tout perdu, ne souhaitait pas voir des familles endeuillées par la guerre et la barbarie. Alors Lodas ne passa que très peu de temps dans ce costume de conseiller de guerre, un conseiller qui ne veut que la paix ne peut pas occuper un tel poste. "Je viens de voir notre souverain, il te propose au poste de conseiller politique et diplomatique. Toi qui ne sait que trop faire la paix, ce nouveau costume te va à ravir. Je suis fier de toi Lodas." Aldric et son poulain échangèrent une accolade chaleureuse. Une nouvelle vie venait de commencer pour cet homme parti de rien.