Tout commença il y a trente-cinq hivers. Deux nobles, assis tranquillement au coin du feu, par cette nuit froide, neigeuse et venteuse, attendaient un heureux événement : la naissance de leur second enfant. Leur premier fils, déjà âgé de sept ans, dormait à point fermé, dans une des chambres à l’étage. La mère, caressa d’un geste tendre son ventre bien rond, sous le regard attendri de son époux. «
Ce sera une petite fille. » L’homme de la maison, secoua la tête, un léger sourire aux lèvres. Dans le fond, il se moquait que l’enfant à naître soit une fille ou un garçon. Il avait réussi à construire une famille, c’était tout ce qui lui importait. Embrassant tendrement le front de son épouse, il posa avec une grande délicatesse, sa main sur celle de sa femme. «
Peu m’importe. Je serais le plus heureux des pères. » Aidant la future maman à se redresser, une évidence arriva pourtant. Le bébé était en train de pointer le bout de son nez. Ce fut la panique dans la maison, les quelques domestiques encore réveillés, voulaient tous aider du mieux qu’ils le pouvaient. Toute ce bruit ambient réveilla le fils, qui comprit rapidement qu’il n’allait plus être le seul enfant de la famille Anaris.
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Bien vite allongée, la jeune mère sentait ses forces qui s’éloigner. Demandant à ce qu’on aille chercher son fils, une fois son corps caché, elle lui rappela qu’elle l’aimait plus que tout, et qu’il devrait prendre soin de l’enfant à naître. Puis elle mit au monde une petite fille en pleine santé, Elwina. Mais une seconde tête se montra : Cassiopée. Mais l’enfant avait beaucoup de mal à respirer. Alors qu’elle voulut prendre sa deuxième fille dans ses bras, Dame Anaris perdit la vie. Elle n’aura jamais tenu sa fille dans ses bras. Ravagé par le chagrin, le père demanda à ce qu’on monte ses filles à l’étage et qu’on le laisse seul avec le corps de sa femme. Une des femmes vivant à la maison familiale, s’occupa de la jeune Cassiopée. Lorsque le soigneur arriva enfin, il annonça un verdict dur pour le père. Il ne savait pas si l’enfant allait survivre à l’hiver, elle était faible, trop faible.
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L’hiver toucha à sa fin, et la jeune Cassiopée avait bien grandi, tout comme sa sœur. Et le temps s’écoula, et au fil des mois, il devenait de plus en plus difficile à différencier les deux sœurs. Elles différaient uniquement au niveau caractère. Là où Elwina était calme et réservée, Cassiopée était plus à se faire des amis et à courir partout. Si bien que son père s’inquiétait énormément, car même si elle avait survécu, son cœur était faible. Mais l’enfant n’en avait que faire. Elle voulait être comme les autres. Elwina elle aussi avait peur pour sa sœur, même si elle ne disait rien. Elle n’avait pas besoin de parler, pour que Cassie la rassure d’un seul regard. Elles étaient peut-être différentes au niveau caractère, mais elles ne formaient qu’une.
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Puis le malheur arriva. Endor. Les Ombres. La fuite. Le père attrapa ses enfants et ils s’enfuirent, ensemble, vers l’Est. Une fois arrivée dans la forêt d'Elessar, le père de famille perdit à son tour la vie, épuisé par cet exil forcé. Avant de fermer les yeux, il fit promettre à ses deux filles qu’elles épouseraient un homme qui les mérite et non un imposteur, chose qu’elles lui promirent. De nombreux habitants d’Endor les rejoignirent, et ensemble, peu importe le rang ou le métier, ils bâtirent un village : Canongrïn. Une grande Yourte fut installer au centre du village et vu que le frère aîné vint à quitter le village, ce fut les sœurs Anaris qui prirent la direction du Royaume de l’Est. Cassiopée fut très attristée par le départ de son frère avec qui elle était proche, contrairement à Elwina qui ne s’entendaient pas parfaitement avec.Très à l’écoute, elles voulaient un peuple soudé, et surtout, elles s’étaient mises d’accord pour prendre toutes les décisions importantes ensemble. Mais les choses allaient changer.
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Endor ouvrait de nouveau ses portes, après vingt ans d’exil. Cassiopée avait bien entendu le mécontentement pour la plus part des bouches. Et elle comprenait pourquoi. Partiellement. Elle voulait comprendre pourquoi il ne fallait pas retourner là-bas. Elle avait besoin de s’éloigner de sa sœur, malgré tout l’amour qu’elle lui portait, car elle voulait trop la protéger à cause de son cœur fragile. «
Elwi’ … Je dois y aller. Cette fois-ci, c’est ma décision. Je t’écrirais, je te le promets. » Elle embrassa la joue de sa sœur, avant de sortir. Montant sur son cheval, elle remonta sa capuche sur sa tête, se confondant ainsi avec les personnes de son peuple. Endor était droit devant. Pendant son périple, elle apprit la mort de son cousin. Elle envoya une missive à Fiorya pour lui dire que toutes ses pensées se tournaient vers elle.
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A peine arrivée à Endor, Cassiopée fit envoyer une lettre à sa sœur, pour la rassurer et lui promettre une nouvelle fois qu’elle lui donnerait des nouvelles régulièrement. Puis elle se perdit. Traversant les rues à pieds, elle se retrouva soudain pousser contre le mur, la bourse qu’elle avait à la ceinture arrachée. Voulant hurler à l’aide, elle se retrouva avec une main plaquée contre la bouche. La panique faisait battre son cœur bien trop rapidement, un frisson lui parcourut l’échine dorsale. Il fallait qu’elle se calme ou elle allait s’écrouler. «
Taisez-vous ou je vous tranche la gorge. » L’homme se recula, près à déguerpir. Sauf que Cassiopée, ne pouvait le laisser partir avec sa bourse. Ce n’était pas l’argent qui était dedans qu’elle voulait récupérer, mais le fin tissu, qui appartenait à son père. «
Rendez-moi la bourse. Prenez simplement les pièces qui se trouvent à l’intérieur. » L’homme se mit à rire aux éclats, ce qui énerva d’avantage Cassiopée. «
Faîtes ce que je vous dis. Je dirige le Royaume de l’Est. » Mais pas impressionné pour un sous, l’homme lança la bourse en l’air avant de la rattraper d’une main. Lui faisant une révérence idiote, il la regarda avec un sourire ironique sur les lèvres. «
Et moi je suis le Roi d’Endor. » Attrapant la main de Cassiopée, il l’embrassa avant de filer. Mais avant de partir,il lui promit une chose «
On se reverra. » Qui était cet homme qui venait de la chambouler ? Et cette même question tourne dans l’esprit de Cassiopée depuis son arrivée à Endor, il y a quelques semaines maintenant. Elle n’en a parlé à personne, mais cet homme occupe ses pensées jours et nuits.